Les logiciels libres sont de plus en plus en vogue pour le grand public. Le meilleur exemple est probablement le navigateur internet Firefox : en Europe les internautes seraient 60% à utiliser Internet Explorer et 30% Firefox. De quoi faire de ce dernier un concurrent sérieux, et faire sortir Internet Explorer de son quasi-monopole qui durait depuis des années. C'est d'ailleurs ce qui a forcé Microsoft, il y a quelques années, devant le succès grandissant de Firefox, à faire évoluer son navigateur Internet Explorer 6, qui n'avait quasiment pas évolué en six ans. Beaucoup diront que c'est encore là un mérite du logiciel libre : faire avancer les autres logiciels.

En revanche, cet essor du logiciel libre n'est pas encore éclatant dans le monde de l'entreprise. Même si la performance de nombreux logiciels libres n'est plus à prouver pour beaucoup de grandes entreprises du domaine des technologies de l'information et de la communication. En effet, les entreprises comme Google, eBay ou Amazon ont bien compris l'intérêt du libre, avant tout pour des raisons financières : il n'y a par définition plus de budget alloué à l'achat de licences pour les différents logiciels. L'utilisation de GNU/Linux pour faire fonctionner les serveurs semble devenu la règle pour ces entreprises. En revanche, le Libre a du mal à pénétrer le marché des TPE/PME. Et cela à cause de la frilosité au changement, mais aussi de la peur, pour beaucoup, du flou juridique entourant les logiciels libres. Tout cela ajouté à une méconnaissance des outils du Libre.

La communauté du logiciel libre, traditionnellement très présente à Autrans, souhaite remédier à ce problème en promouvant l'utilisation du Libre dans les PME. C'est un des objectifs du Pôle Numérique en Rhône-Alpes, qui aide au déploiement des TIC dans l'entreprise. Les arguments pour convaincre les entreprises sont de plusieurs ordres : en premier lieu l'aspect éthique. Les valeurs avancées par le Libre telles que le partage des connaissances sont fondamentales dans l'histoire des logiciels libres, mais les entreprises sont plus sensibles à l'absence de licence, raison souvent principale de l'utilisation du Libre. Toutefois, cet argument n'est pas toujours suffisant. Il est en effet très difficile de faire face à l'inertie des entreprises dans ce domaine : convaincre tous les salariés que OpenOffice ne requiert pas plus de compétences que Microsoft Office n'est pas une tâche facile, tant les habitudes sont parfois ancrées. Beaucoup d'entreprises craignent de devoir payer des cours à leurs salariés pour les mettre à niveau. De plus persiste l'idée qu'un logiciel payant est nécessairement de meilleure qualité qu'un gratuit.

Les défenseurs du Libre avancent aussi d'autres arguments : la performance et la stabilité de ces logiciels sont certainement des atouts majeurs. Même s'ils restent difficiles à généraliser à tous les niveaux de l'entreprise, ils sont déjà très prisés : par exemple, le serveur Apache, open-source, est le leader du marché des serveurs HTTP. Les entreprises apprécient de pouvoir librement modifier le code source des logiciels. Ceux-ci apparaissent souvent comme une solution pratique.

Le saviez-vous?

En 2004, OpenOffice assurait déjà plus de 15% du marché des grandes entreprises.

C'est l'ensemble bureautique officiel de PSA Peugeot Citroën, ainsi que de la gendarmerie, la douane ou encore des ministères de la Culture et des Finances.

Depuis 2007, les députés aussi ont dû s'y mettre.