• L’avis critique de « TonVoisin » sur des thèmes chers aux TIC

    Au terme de cette édition 2009 du Salon de l’Internet d’Autrans, nous avons eu la chance de pouvoir interviewer « TonVoisin » - auteur de plusieurs best-sellers critiques sur les habitudes de ses contemporains - à propos des thèmes abordés pendant le salon et d’autres fortement liés à l’évolution des TIC. Laissez-vous guider par ces quelques pistes de réflexion…

    • Bonjour TonVoisin. Je parierais que vous masquez votre identité derrière un pseudonyme... Pouvez-vous vous présentez en quelques mots, vous et vos écrits ?

    Travailler avec des cons, Vivre avec des cons, Travailler moins et gagner plus, voilà les titres de mes ouvrages. Ces livres sortiront bientôt en poche, chez Flammarion (collection « J’ai lu »). Ma démarche est d’observer mes contemporains, dans un siècle qui me semble être celui des bougies [en référence au siècle des Lumières].

    Mes pseudonymes évoluent en fonction de mes écrits, Tonvoisin Debureau, Tonvoisin Depalier, etc, bref "Tonvoisin" est mon nom générique. Pour le contenu, ne vous fiez pas aux titres, jamais ! Les préjugés sont la raison des sots disait mon ami Voltaire…

    • TonVoisin, le thème de cette édition d'Autrans 2009 est les réseaux sociaux. Quel regard porte un auteur critique comme vous sur ces nouvelles formes d'échange ?

    Je crains malheureusement que TIC signifie parfois « Technologies de l'Information au service de la Connerie », au vu de l’utilisation qui est faite de ces techniques. En effet, l'outil des réseaux sociaux, les nouvelles formes de communication, les avancées technologiques ne dépasseraient-ils pas le savoir-utiliser des individus ?

    Par exemple, le mail est mal utilisé aujourd'hui. Il n’y a pas de code commun dans les échanges. Cela implique que 63% des mails émis aujourd’hui ne sont pas compris par leurs destinataires,  ce qui va à l’encontre de la théorie de Shannon, pour qui la responsabilité de se faire comprendre incombe à l'émetteur. Dès lors, les conflits ne devraient pas se régler par mail dans les entreprises, et c’est pourtant souvent le cas... Le mail offre l’opportunité de la violence, sans la confrontation directe. Certains seraient incapables de dire en face à face, ce qu'ils s'autorisent par mail !

    Et la tangibilité des rencontres sur les réseaux sociaux ? Facebook n'est-il pas qu’un amas de solitudes additionnées ? Facebook est un outil de non sens avant tout en fait : passé un certain nombre de « friends », on ne peut plus parler d'un réseau social, car un réseau social cela s'entretient, cela se fait vivre ; il faut alterner rencontres physique et virtuelle. Nous voila donc avec des « friends » virtuels, à lire des statuts [relationnels] que chacun s’associe individuellement, sans que les autres approuvent forcément leur véracité. Voila donc des maris jaloux, des épouses jalouses, des petites amies dépitées, des petits amis dépitants, et à la clef, déjà des premiers meurtres sentimentaux pour changement intempestif de statut. En passant du statut de « non mariée » à « célibataire », une jeune femme s'est fait tuer par son ex conjoint. Un cas unique ? Non, c'est déjà le troisième meurtre recensé en Angleterre.

    Facebook est aussi idéal pour développer une forme nouvelle de paranoïa chez tout sujet qui ne prend pas la distance suffisante. L’homme est un homme de Cro-Magnon, qui habite en appart’, a un écran plasma, et surfe sur le réseau des réseaux, mais moins sur la raison de sa raison :)

    • Face à ce constat d'inefficacité dans les échanges électroniques, quelles perspectives l'avenir peut-il nous réserver ?

    Peut-être que les nouvelles générations vont, elles, inventer de nouvelles formes de relation, dans leur façon d'utiliser les réseaux. Celle-ci est d'ores et déjà plus globale : après s’être vu en cours, à peine leur discussion sur mobile terminée, ils communiquent sur MSN, en regardant les dernières news sur Facebook, participent à des forums, des commentaires sur blog...

    Nous allons, de mon point de vue, aussi vers des lieux et des communautés « lowtech ». Il nous faudra trouver des espaces, où l’individu pourra se retrouver et couper avec cette sur-communication artificielle. Je suis convaincu que des espaces protégés deviendront des lieux de refuges ou que les vacances tendance de demain seront certainement « NO INTERNET ».

    • Vous animez un groupe sur Facebook intitulé « Désobéissance médiatique ». Facebook vous semble-t-il un « bon » réseau social ?

    Facebook n'est pas pour moi un réseau social : les coupures de comptes y sont parfois arbitraires. Facebook a une responsabilité sociale qu'il ne semble pas à ce jour en mesure d'assumer : on ne peut pas résilier des comptes sans en imaginer les conséquences sur l’utilisateur.

    Sur Facebook vous pouvez me retrouver sous le nom de « Tonvoisin de La Garlée ». En tant qu'auteur, j’ai déjà été résilié deux fois. Deux fois Facebook m’a affirmé que mon pseudonyme d'auteur n'est pas mon vrai nom : ubuesque pour l’auteur de deux best-sellers, avec des lecteurs et lectrices ne me connaissant que sous ce pseudo. Les conséquences en termes d'image sont désastreuses.

    Facebook s'expose avec de telles pratiques à des recours, puisque vous n'êtes pas sans savoir que pour valider un compte, vous vous devez d'envoyer un SMS surtaxé. Cela signifie que l'argumentation de Facebook est fallacieuse, ils connaissent leurs utilisateurs très précisément ! Je vous laisse mesurer l'impact financier sur des milliers et des milliers de résiliation, puisque les utilisateurs se réabonnent alors...

    • Merci beaucoup pour cet échange propre à nous interroger sur ce qu'offrent les TIC aujourd'hui et ce que cela implique sur nos sociétés. Je vous laisse le dernier mot...

    Demain les TIC seront peut-être à l'origine d'un des plus graves problèmes de santé publique que nos sociétés aient eu à gérer, tant comportemental (les addictions deviennent multiples), que physique (le WIFI, au même titre que les antennes relais, pourrait être nuisible à terme). Nous jouons dans ce domaine aux apprentis sorciers, nous le faisons de bon cœur et sans grand recul. Pourquoi dès lors ne jouerais-je pas aux apprentis visionnaires catastrophistes ? :)

    Concernant le réseau global de demain, les gouvernances risquent de vouloir maitriser les flux informationnels. Prenez par exemple l'obsession à vouloir faire passer HADOPI (l’instance de répression des internautes « pirates ») en dépit de toutes les alertes des divers spécialistes, en dépit de l’avis de l’Europe, etc, et malgré un premier refus au Parlement. HADOPI je le crains, me semble être l'arbre qui cache la forêt, et significatif de cette volonté... Il est inacceptable, dans une démocratie, qu'un organisme tiers puisse couper (et donc freiner) l'accès au réseau d'un citoyen. Avec un peu de technicité, cela peut générer des coupures aussi ciblées qu'arbitraires. Concomitamment à celle-ci, les plus grandes menaces sur le réseau sont l'autocensure, qui va apparaitre par la multiplication des procédures de l'état contre utilisateurs et particuliers. HADOPI est une insulte au bon sens et à l'intelligence : tout honnête homme en est d'accord.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :